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REMARQVES SVR L’ORTHOGRAPHE FRANÇOISE

egard à la quantité que pour la rime et nullement pour le nombre et pour la mesure ; ce qui fait soupçonner que notre langue ne marque pas tant les longues a beaucoup pres que la grecque et la latine[1].


Il cherche d’ailleurs à donner au travail projeté un caractère familier et pratique. À propos du mot chaudecole, qui figure dans une liste d’exemples, et qu’un académicien définit « le premier mouvement de la colère » :


J’osterois (dit-il) tous ces uieux mots qui ne seruent de rien dans ce traite, que lorsqu’on les employe à faire connoistre l’origine et l’ancienne prononciation des mots que nous retenons[2].


Il insiste sans cesse pour que les difficultés soient abordées avec franchise et sincérité. En regard d’un passage ainsi conçu :


Sur cela il faut obseruer en passant que les lettres qui se changent en dautres et que neantmoins lancienne orthographe conseruoit, sont principalement celles cy[3].


Il écrit :


Pourquoy obseruer en passant ; on doit s’y arrester et on le fait.


Un peu plus loin, plusieurs opinions contradictoires sont rapportées, et laissent le lecteur dans l’incertitude ; Bossuet met en marge : « Dire le sentiment de l’Académie. »[4]

Il échappe au rédacteur des Résolutions de dire en parlant du Ph : « Cette lettre double. » Bossuet se garde bien de laisser passer une pareille hérésie grammaticale :


Ph n’est point de ces lettres que les grammairiens appellent doubles ; lettre double est celle qui, sous un mesme charactere, enferme deux consonantes comme X et Z selon lancienne prononciation que les Italiens ont retenüe : ph est tout au contraire et ces deux characteres n’ont que le son tout simple de l’F.

  1. Fol. 26, recto.
  2. Fol. 20, recto.
  3. Fol. 3, recto.
  4. Fol. 4, recto.