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REMARQVES SVR L’ORTHOGRAPHE FRANÇOISE

qu’oustre qu’elle ne veut point blesser les yeux qui y sont accoustumez, elle désire autant qu’il se peut, que l’usage deuienne stable, ioint quelles ont leur utilité qu’il faudra marquer, etc.


Quoique écrit à la hâte et avec une certaine négligence, ce morceau est excellent : dans sa brièveté substantielle il renferme le plan d’un fort bon traité, et nous ne possédons rien de plus juste et de plus éloigné de tout genre d’exagération sur les principes de l’orthographe.

La compagnie s’aperçut bien vite qu’il était impossible d’arriver à une unité orthographique absolue, et avant les deux Observations générales que nous avons reproduites plus haut, elle en plaça une autre, qui se trouve par conséquent la première de tout le recueil et est écrite en entier de la main de Doujat. Cette Observation, que l’on trouve dans notre édition, où elle n’a subi que des changements insignifiants, porte que « l’orthographe n’est pas tellement fixe et déterminée qu’il n’y ayt plusieurs mots qui se peuvent escrire de deux diferentes manières. »

Elle n’était pas inutile pour justifier les académiciens chargés de la rédaction de ce petit traité, car on a dû déjà remarquer combien la transcription scrupuleusement fidèle que nous faisons de leurs notes présente d’incertitudes et de divergences.

Nous n’avons nullement l’intention d’insister sur l’examen de ce manuscrit dont nous publions une rédaction beaucoup plus nette et mieux arrêtée, imprimée par ordre de l’Académie ; mais nous allons parcourir les remarques de Bossuet, dont nous ne voudrions rien perdre. Il cherche à étendre le plan qu’on a dessein de suivre et propose à la compagnie un sujet bien délicat : l’étude de la quantité de notre langue :


Il faudroit expliquer a fond la quantité françoise en quelque endroit du dictionnaire, aussi bien que l’orthographe. La principale remarque à faire sur cela c’est que la poesie françoise n’a aucun