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MOLIÈRE ET LES GRAMMAIRIENS

manie étymologique, poussée même un peu au-delà des libertés que la farce a l’habitude de se permettre ? On aurait grand tort : ceci est traduit très littéralement d’un de ces érudits du xvie siècle qui écrivaient en latin sur les origines de notre langue. Charles de Bovelle s’exprime ainsi :


Bonet, capitis tegumentum : factitia et arbitraria dictio, forte a duobus dicta bon est : quia tegere caput adversum catarrhes et pituitas bonum est.

(Caroli Bovilli Samarobrivi liber de differentia vulgarium linguarum. — Parisiis, Robertus Stephanus, M.D XXXIII, in-4o, p. 53.)

On sait de quelle manière amusante Molière a su mettre au théâtre, dans le Bourgeois gentilhomme, le Traité de la parole de Cordemoy. Ce Cordemoy n’était pas un sot ; il cherchait patiemment, l’un des premiers, à étudier la nature des sons de notre langue, et à établir les fondements de ce que nous appelons aujourd’hui du nom assez ambitieux de phonétique ; mais sa tentative avait des côtés ridicules ou du moins plaisants, dont notre grand comique ne fut pas long à s’emparer. Nous n’insistons pas d’ailleurs sur ce point, qui n’a pas échappé aux commentateurs de Molière, car nous ne voulons donner dans cette communication que des observations qui nous soient tout à fait personnelles.

En voyant, dans les Femmes savantes, Vaugelas nommé cinq fois en deux scènes, l’idée nous est venue que si Molière avait fait des emprunts à quelques grammairiens sans importance, il n’avait pas dû lire, sans en faire son profit, celui qui a eu une si grande influence sur le langage de son temps.

En parcourant la Préface des Remarques, j’y trouve :


Il ne faut pas croire, comme font plusieurs, que dans la conversation et dans les compagnies il soit permis de dire en raillant un mauvais mot. Par exemple, ils disoient : Boutez-vous là, pour dire