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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

Je veux chanter haut et net
Virville, Hervart, Gouvernet[1].

M. Walckenaer observe que la suscription porte également À Mesdames d’Hervart, de Virville et de Gouvernet, et que Vergier écrit Vireville. Notre auteur aimait fort ces noms propres à variantes qui rendent plus d’une fois service au poète, et il en convient avec sa grâce et son enjouement habituels : « Est-ce Montlhéry qu’il faut dire, ou Montlehéry ?… C’est Montlehéry quand le vers est trop court, et Montlhéry quand il est trop long. »

C’est en vertu de ce principe qu’il désigne sans scrupule un même personnage par toutes les formes que son nom peut recevoir. Cette Anne qu’il ne veut point transformer en Sylvanire, il l’appelle sans scrupule Annette, lorsque la rime l’exige[2], et dans son conte intitulé le Cuvier, il nomme en pareil cas Madame Anne Nanon[3].

VII

M. Lorin, on le voit, pèche surtout par omission ; il était fort naturel que, s’occupant de littérature et faisant même parfois des fables agréables, il lût La Fontaine en prenant des notes, et qu’il composât ainsi un répertoire à son usage ; mais il aurait dû se garder de le communiquer au public. Ce travail a un caractère tout privé, tout individuel, et ne peut être véritablement utile qu’à son auteur ; il n’offre nulle garantie, nulle certitude : de ce qu’on y rencontre un mot sans intérêt, on ne peut conclure qu’une locution curieuse, qui ne s’y

  1. 1691, tome II, p. 756.
  2. Liv. IV, c. IV, 52.
  3. Liv. IV, c. XIII, 13.