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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

Il vous sied fort bien de rire,
Vous estes en belle humeur,
Mais quoy que vous puissiez dire,
Voiture a bien du bonheur
Qu’il ne sçait pas
Tous vos esbas
Guillemette, la, la, la !
Qu’il en auroit de mal !

C’est probablement à la même origine qu’il faut rapporter le nom sous lequel très-honnête et très-divertissante chienne dame Guillemette, petite levrette de la sœur de Scarron, a passé à la postérité. On s’explique ainsi ce vocatif majestueux : Ô Guillemette, qu’on rencontre dans la dédicace que le poète burlesque lui adresse ; ce n’est plus seulement une marque de respect, mais une allusion alors plaisante, au premier vers de la chanson.

C’est peut-être ici le lieu de dire un mot des chiens célébrés par La Fontaine. Les commentateurs, imités en cela par M. Lorin, ont indiqué soigneusement l’étymologie probable des noms de ces animaux, mais de façon à laisser supposer que La Fontaine en pouvait être l’inventeur ; il n’en est rien. De Laporte nous dit : « J’ai accompagné les épithètes du chien de plusieurs noms propres, comme Souillard, Miraud, Greffier et autres, que j’ay apprins dans les livres de vénerie avoir esté chiens de bonne race[1]. » Ailleurs, à cette énumération il ajoute Briffaut[2].

Il eût été bon aussi d’indiquer les formes particulières que La Fontaine donne à certains noms. Dans sa correspondance, il dit toujours Chaury pour Château-Thierry, excepté lorsqu’il écrit à des personnes fort considérables ; il ne faisait, du reste, en cela, que se conformer à un usage encore pratiqué aujourd’hui par les habitants de cette ville. En écrivant Virville au lieu de Viriville, il suit aussi une coutume assez générale :

  1. Les Épithètes, avertissement.
  2. Ibid., au mot chien.