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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

...... le jeune homme
Se campe en une église où venoit tous les jours
La fleur et l’élite de Rome,
Des Grâces, des Vénus, avec un grand concours
D’amours,
C’est-à-dire, en chrétien, beaucoup d’anges femelles[1].

Ce dieu, se reposant sous ces voûtes humides,
Est assis au milieu d’un chœur de néréides.
Toutes sont des Vénus, de qui l’air gracieux
N’entre point dans son cœur et s’arrête à ses yeux[2].

L’Académie admet ce sens, mais elle ne donne aucun exemple de l’acception suivante : « Son esprit, sa beauté, sa taille, sa personne, ne touchoient point, faute de vénus qui donnât le sel à ces choses.

Myrtis, au contraire, excelloit en ce point-là......... il n’y avoit si petit endroit sur elle qui n’eût sa vénus, et plutôt deux qu’une, outre celle qui animoit tout le corps en général[3]. »

« L’architecte s’étoit servi de l’ordre ionique à cause de son élégance. De tout cela il résultoit une vénus que je ne saurois vous dépeindre[4]. »

« Là quelques auteurs avoient envoyé des offrandes pour reconnaissance de la vénus que leur avoit départie le ciel[5]. »

Une excellente note de M. Walckenaer nous apprend que Gilles Boileau s’était déjà servi de ce mot à l’Académie, en 1659, dans sa réponse à Costar, et nous renvoie à la dispute de Ménage et de Bouhours sur venusté, qui avait le même sens et était employé un peu plus fréquemment.

Nous ne reprocherons point à M. Lorin de ne pas nous avoir raconté la guerre de Troie ; mais nous

  1. Liv. IV, c. VIII, 194.
  2. Psyché, liv. I, tome I, p. 355.
  3. Ibid., liv. II, tome I, p. 442.
  4. Ibid., p. 444.
  5. Ibid., p. 445.