Page:Marty-Laveaux - Études de langue française, 1901.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

tionnaire, que ce dernier sens est le plus usité ; cependant, suivant Richelet, il était nouveau en 1680.

M. Lorin ne s’est guère attaché qu’aux fables et aux contes ; il a presque complètement négligé les autres œuvres, d’autant plus importantes à étudier, que les exemples qu’on y trouve sont bien moins connus et ne viennent pas s’offrir d’eux-mêmes à la mémoire de tous les amis de La Fontaine. Non seulement il néglige les acceptions particulières et les termes rares, mais il dédaigne les anecdotes philologiques. La Fontaine, racontant à sa femme son séjour à Bellac, lui dit : « Quoique nous eussions choisi la meilleure hôtellerie, nous y bûmes du vin à teindre les nappes et qu’on appelle communément la tromperie de Bellac. Ce proverbe a cela de bon, que Louis XIII en est l’auteur[1]. » Quand les rois font des proverbes, c’est bien le moins que les grammairiens les recueillent.

VI

Tandis que M. Lorin omet un si grand nombre de mots importants, il consacre une fort notable partie de son petit volume à des récits mythologiques ou à des notions de statistique et de géographie. Il nous raconte en détail l’histoire d’Adonis, de Céphale, du fleuve Scamandre, et nous apprend que Quimper-Corentin est une ville de Basse-Bretagne qui compte environ huit mille quatre cents habitants.

S’il voulait admettre les noms propres, il n’aurait dû s’en occuper que lorsqu’ils prennent dans la phrase un sens général qui les transforme en expressions de la langue ordinaire. Ces acceptions abondent dans les œuvres de La Fontaine. En voici quelques exemples :

  1. T. II, p. 668.