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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

plaindre de n’y point trouver d’exemples de ces hardiesses qu’on admire précisément parce qu’elles conservent tout le charme de la nouveauté, et ne sont point devenues d’un usage général. Charles Nodier a eu pleinement raison de reprocher à Boiste de n’avoir admis partant que comme terme de pratique, bien que La Fontaine ait dit :

Plus d’amour, partant plus de joie[1].

Mais le spirituel philologue s’est peut-être montré trop sévère en blâmant Gattel, qui a rangé chevaline dans la même classe. Ce mot n’est point employé d’ordinaire par nos poètes, et il serait sans doute bien difficile d’en citer un autre exemple que le suivant :

J’ai, dit la bête chevaline,
Un apostume sous le pied[2].

La Fontaine a dit dans ses Considérations sur les dialogues de Platon : « Les circonstances du dialogue, les caractères des personnages, les interlocutions et les bienséances, le style élégant et noble, et qui tient en quelque façon de la poésie, toutes ces choses s’y rencontrent en un tel degré d’excellence que la manière de raisonner n’a plus rien qui choque ; on se laisse amuser insensiblement comme par une espèce de charme[3]. »

Il en est de ce mot comme des précédents ; il ne figure dans les Dictionnaires qu’à titre de terme de pratique.

Ces expressions hasardées par notre poète ont été en général fort mal accueillies, lorsque d’autres écrivains se sont avisés de les employer à leur tour.

On trouve, dans une des fables de la Motte, le passage suivant :

  1. Liv. VII, fab. i, 13.
  2. Liv. V, fab. viii, 22.
  3. Tome II, p. 617.