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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

fabuliste. Plus érudit sur ce point que Molière, qui, pour mettre en scène M. de Soyecourt dans les Fâcheux, était obligé de demander des renseignements à sa victime[1], notre poète emploie fort à propos les termes de l’art. Presque tous ces mots du vocabulaire de la vénerie et de la fauconnerie ont passé dans le langage familier, et il est assez piquant de les trouver chez La Fontaine dans leurs deux sens. Il nous dit, en parlant des chasseurs qui traitent de la peau de l’ours :

Ils conviennent du prix et se mettent en quête[2].

Cette expression est aussi appliquée aux souris cherchant leur pitance[3], puis elle est employée figurément dans d’autres endroits en parlant d’une femme qui veut retrouver son mari[4] et d’un mari qui court après sa femme[5]. Ailleurs, notre poète nous peint le chien qui vient sur l’herbe éventer la trace des pas de la gazelle[6]. Dans son poème d’Adonis, parlant de l’affreux sanglier qui doit causer la mort de son héros, il dit :

Dryope, la première, évente sa demeure[7].

Ces expressions sont employées figurément dans les passages qui suivent :

Amour est mort : le pauvre compagnon
Fut enterré sur les bords du Lignon ;
Nous n’en avons ici ni vent ni voie[8].


Il en vint au curé quelque vent[9].

Certaines de ces locutions ne se trouvent pas au pro-

  1. Taschereau, Vie de Molière, 3e édit., p. 40.
  2. Liv. V, fab. xx, 12.
  3. Liv. III, fab. xviii, 27.
  4. Psyché, II, tome II, p. 439.
  5. La Coupe, sc. vii, p. 764.
  6. Liv. XII, fab. xv, 65.
  7. 340.
  8. Liv. III, c. III, 50.
  9. Liv. IV, c. III, 86.