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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

d’Audry de Boisregard, publiées en 1689, un article intitulé : Parties des animaux, où l’auteur pose en principe qu’en parlant de tous ceux qui ont le pied de corne, on dit pied et non patte.

Pendant fort longtemps, cette règle a été fidèlement reproduite de traité en traité ; mais, selon Collin d’Ambly, si l’on fait usage du mot pied, c’est parce que cette partie sert de soutien, et l’on doit employer le mot patte en parlant des animaux qui s’en servent pour prendre, pour saisir. Cette dernière explication se rapproche davantage de la suivante, donnée par l’Académie : « Patte. Il se dit du pied des animaux quadrupèdes qui ont des doigts, des ongles ou des griffes, et de celui de tous les oiseaux, à l’exception des oiseaux de proie. »

Girault-Duvivier remarque toutefois que Buffon dit souvent le pied d’un écureuil, d’une grenouille, d’un crapaud[1] ; il a fait sagement, dans l’intérêt de la règle, de ne pas poursuivre cet examen.

Notre poète dit aussi le pied de la grenouille, de la tortue :

La grenouille à cela trouve un très bon remède :
Le rat fut à son pied par la patte attaché[2].

La tortue y voulut courir :

La voilà comme eux en campagne,
Maudissant ses pieds courts, avec juste raison[3].

La Fontaine et Buffon disent toujours les pieds du loup[4]. Il est vrai que cet animal parle ainsi à la cigogne :

  1. Grammaire des gramm., 9e éd., p. 1073.
  2. Liv. IV, fab. xi, 22.
  3. Liv. XII, fab. xv, 98.
  4. Liv. III, fab. iii, 12 ; liv. IV. fab. xvi, 31. — Buffon ; Paris, Eymery, 1825, XIII, p. 53.