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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

critiques du siècle dernier considèrent comme plus exacts que La Fontaine. On lit dans une des satires de Boileau :

… à peine les coqs, commençant leur ramage,
Auront de cris aigus frappé le voisinage[1].

Et Regnard, tenté par cette rime, a dit dans son Joueur[2] :

Il est parbleu ! grand jour. Déjà de leur ramage
Les coqs ont éveillé tout notre voisinage.

II

Les gens de la campagne emploient souvent, en parlant d’eux ou de leur famille, les noms des imperfections ou des maladies qui surviennent d’ordinaire à leurs animaux. Cette habitude n’a point échappé à La Fontaine.

Dans un de ses contes, une villageoise, craignant de mettre au monde un enfant qui n’ait qu’une oreille, s’écrie :

Quoi ! d’un enfant monaut
J’accoucherois[3].

Ailleurs, un paysan, vantant sa ménagère, dit :

Tiennette n’a ni suros ni malandre[4].

Il faut toutefois remarquer que certaines expressions dont on ne se sert aujourd’hui qu’en parlant des animaux, étaient jadis d’un usage beaucoup plus étendu. À l’occasion de ce passage de notre auteur :

  1. Sat. VI. 15.
  2. Act I, i, 1.
  3. Livre II, c. I, 29.
  4. Livre IV, c. III, 61.