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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

Un pauvre bûcheron tout couvert de ramée[1].

Ce terme et le mot rameau sont les seuls, appartenant à cette famille, qui soient encore en usage pour désigner des branches, du feuillage.

Ramure se disait autrefois de toute la tête d’un arbre. « Esmunder, eslaguer, étester, sont les œuvres convenables à la rameure des arbres avancés, qu’on emploie pour abaisser l’orgueil des jeunes et luxurieux arbres, et hausser le cœur aux vieux et langoureux[2]. »

Du temps de La Fontaine, il ne s’employait déjà plus qu’en parlant du bois du cerf :

..... pas un d’aventure
N’aperçut ni cor ni ramure,
Ni cerf enfin[3].

Nous voyons, dans du Cange, qu’on appelait cerf ramage celui dont la ramure était poussée.

Ce mot ramage, qui ne signifie plus aujourd’hui branchage que lorsqu’il s’agit du dessin d’une étoffe ou d’un papier, était jadis d’un usage très fréquent ; il se disait du droit fiscal au moyen duquel on était autorisé à couper du bois dans une forêt seigneuriale ; il s’employait aussi en parlant de ce que nous appelons encore les branches diverses d’une famille, témoin cet aphorisme de Loisel : « Où ramage défaut, lignage succède[4]. » Le lien commun qui réunit ces diverses acceptions, est facile à découvrir, mais on ne devine point tout d’abord pourquoi on a appliqué ce terme au chant des oiseaux. Il faut remarquer que nous appelons encore ramiers les pigeons qui nichent sur les arbres, et que jadis on dési-

  1. Liv. I, fab. xvi, 1.
  2. Olivier de Serres, page 722.
  3. Liv. IV, fab. xxi, 13.
  4. Institutes coutumières, règle 342, éd. de MM. Dupin et Laboulaye.