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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

Et l’on conçoit fort bien qu’il réponde :

… Comment dis-tu ?… Touzelle ?
Mémoire n’ai d’aucun grain qui s’appelle
De cette sorte[1].

Les instruments aratoires sont spécifiés sans circonlocution et par leur nom particulier :

Bon villageois, à qui pour toute terre,
Pour tout domaine, et pour tout revenu,
Dieu ne donna que ses deux bras tout nus,
Et son louchet, dont pour tout ustensille
Pierre faisoit subsister sa famille[2].

Suivant l’Académie, le louchet est une « sorte de hoyau », et le hoyau une « sorte de houe à deux fourchons, propre à fouir la terre ». Dans Furetière, la définition est semblable, mais la description toute différente ; l’article est ainsi rédigé : « Espèce de hoyau propre pour fouir la terre, qui est plat et tiré en droite ligne avec son manche, qui ressemble à une pelle ».

Au lieu de dire que le louchet est une sorte de hoyau, il fallait dire que c’est une sorte de bêche.

Olivier de Serres, parlant d’un travail qui doit être fait à la pelle ferrée, ajoute qu’on la nomme « en France besse et en Languedoc luchet[3] ». Les auteurs du vocabulaire provençal publié à Marseille en 1785 traduisent Louchet par le mot lichet, et remarquent qu’en français cet instrument est communément appelé bêche. Ménage observe qu’on nomme louchet, en quelques endroits de Normandie, ce qu’on appelle à Paris une bêche.

Enfin on trouve, dans Monstrelet, « louchez et autres instrumens pour reffaire et ahonnier les chemins[4]. »

  1. 64.
  2. Liv. IV, c. X, 23.
  3. Théâtre d’agricult., 3e éd. ; Paris, 1605, in-4o, p. 36.
  4. Édit. de 1572, vol. I, fol. 18.