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ESSAI SUR LA LANGUE DE LA FONTAINE

Dans le cours de cette revue, nous rencontrerons fort rarement M. Lorin sur notre route, car ce sont précisément ses omissions que nous nous proposons d’indiquer ; mais en terminant, nous reviendrons à son livre pour l’examiner en lui-même.

I

Nous n’entreprendrons pas de justifier La Fontaine comme maître des eaux et forêts, ni d’établir contre Furetière qu’il ait su bien nettement ce que c’est que bois de grume et que bois de marmenteau[1] ; mais l’étude même la plus superficielle de ses œuvres prouve qu’il connaît à fond le vocabulaire de l’économie rurale, et une des nouveautés de son style, si abondant en nouveautés, est d’avoir transporté dans la littérature la portion la plus naïve et la plus pittoresque de ce langage. Il dit fréquemment faire l’août pour faire la moisson :

Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’août, foi d’animal,
Intérêt et principal[2].


Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’août[3].


L’août arrivé, la touzelle est sciée[4].

Après avoir rapporté les deux premiers exemples que nobs venons de citer, M. Lorin termine en disant : « Je regrette avec Voltaire que nous n’ayons pas, comme le faisaient les anciens écrivains français, conservé à ce mois son ancien nom d’auguste. »

  1. Épigr. VII, 7.
  2. Liv. I, fab. i, 12.
  3. Liv. V, fab. ix, 10.
  4. Liv. IV, fab. V, 80.