Page:Marty-Laveaux - Études de langue française, 1901.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Essai
sur la Langue de La Fontaine

Le maniement et emploite des beaux esprits donne prix à la langue, non pas l’innovant tant, comme la remplissant de plus vigoreux et divers services, l’estirant et ployant.
(Montaigne, Essais, liv. III, ch. 5.)


Quel sujet que l’examen de la langue de La Fontaine !… c’est l’étude de la langue française elle-même dans tout ce qu’elle a de plus noble et de plus familier, de plus railleur et de plus tendre, de plus simple et de plus élégant. Il ne saurait y avoir pour le public un meilleur centre d’observation. Les auteurs plus modernes lui apprendraient peu de chose, les textes plus anciens le rebuteraient ; mais La Fontaine, qui nous a charmés tout enfants, ne peut nous paraître un étranger : nous croyons le comprendre, parce que nous le savons par cœur, et nous sommes très disposés à écouter de bonne grâce celui qui promet de nous parler de ce charmant écrivain, et de nous aider à le mieux connaître.

Par malheur, l’auteur du livre que nous avons sous les yeux a négligé volontairement la partie la plus curieuse de son sujet. Voici comme il s’exprime dans son avertissement : « Ce n’est pas un langage, un style