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LA LANGUE DE RACINE

des grammaires[1], ces deux exemples de Racine :

C’est Vénus tout entière à sa proie attachée (Phèdre, vers 306).
Et mon âme à la cour s’attacha tout entière (Athalie, vers 932).

et afin de témoigner du soin qu’il a mis à vérifier l’orthographe de ces citations, il nous avertit qu’elles sont tirées de l’édition de P. Didot. Mais P. Didot a corrigé Racine, qui avait écrit toute (voyez tome III, p. 325 et 657), et dont ainsi le témoignage tourne contre celui qui l’invoque.

Ce n’est là, du reste, qu’un exemple entre mille de ces textes cités à faux[2] ; qui voudrait les relever un à un dans nos grammaires, renverserait facilement la base fragile sur laquelle reposent bon nombre des règles subtiles, aujourd’hui généralement suivies, qui y sont enseignées.

Nous n’avons voulu qu’indiquer ici les conséquences qu’on peut tirer de notre travail. Par le simple rapprochement des passages de Racine exactement cités sous certains mots du Lexique ou, selon l’ordre des parties du discours, dans l’Introduction grammaticale, les blâmes, les admirations, les étonnements de plusieurs générations de critiques et de grammairiens se trouvent en partie réduits à néant. Nous attirons sur ce point l’attention du lecteur, sans prévenir, en chaque circonstance, les réflexions qu’il fera aisément de lui-même. Les observations très sommaires que nous venons de présenter ne font, d’une part, que marquer quelques sources d’erreurs, et de l’autre, qu’ouvrir certains points de vue, inviter à des travaux plus développés, plus approfondis.

  1. Seconde édition, 1844, tome I, p. 426.
  2. Conférez dans le Lexique le mot Ayeul.