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LA LANGUE DE RACINE

la Correspondance, où elles sont employées en badinant[1].

Quelques mots anciens ont été introduits par Racine dans les Plaideurs[2] pour concourir à l’effet comique, mais sont tout accidentels dans ses œuvres, et ne peuvent, à aucun égard, être considérés comme faisant réellement partie de son vocabulaire.

Nous avons signalé, dans un assez grand détail, le soin curieux avec lequel Corneille met à profit les termes spéciaux que lui fournissent les diverses professions[3]. Racine n’a point suivi cet exemple. Il n’a demandé aux vocabulaires techniques qu’un fort petit nombre de mots, en dehors de ceux qu’un fréquent usage avait déjà fait passer dans le langage commun.

Des expressions comme il en vint quelque Vent, en Défaut, faire Ombrage, Parer les coups, tirent bien, à la rigueur, leur origine de la vénerie, de l’équitation et de l’escrime, mais elles avaient depuis longtemps cessé d’appartenir à ces dictionnaires particuliers, pour prendre un sens beaucoup plus général.

Quand nous disons que Racine s’est généralement abstenu des termes techniques, on peut réclamer une exception pour les termes de droit, dont la comédie des Plaideurs est remplie. Le sujet le demandait, au reste. Racine, c’est lui qui nous l’apprend, ne devait point la connaissance de ces termes à une étude appro-

  1. Voyez, par exemple, au Lexique : Accoutumance, avoir Accoutumé de, Agace, Amnestie pour amnistie, Atours, Attache, pour attachement, Blanc signé, Breveté pour brièveté, Chantre en parlant d’un poète ou d’un oiseau, Chenu, Coutumier, au Desçu, Devers, Discord, Discorder, Féru, Ficher au sens de fixer, Fil de perles pour collier de perles, Mie en parlant de la bonne d’un enfant, Nocher, Oncques, Parentage, Parochial, Pers, Retardement, se Revancher, Sourdre.
  2. Tels sont céans, icelui, icelle, les plaids, etc. ; telle est encore la vieille prononciation de la diphthongue oi : voyez ci-après, Prononciation.
  3. Lexique de Corneille, préface, page 11 et suivantes.