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DE LA LANGUE DE CORNEILLE

récemment encore à M. Édouard Frère, dans son excellent Manuel de bibliographie normand.

Le second de ces ouvrages de Corneille devrait cependant être connu depuis fort longtemps, car il figure parmi les opéras, sous le no 5969 A, dans le Catalogue des livres imprimés de la Bibliothèque du Roy, publié en 1750 ; quant au premier, il est entré dans le même établissement à une époque postérieure, mais à coup sûr encore fort ancienne, et porte le no 5564 B. Ces desseins sont des livrets faits par l’auteur pour l’intelligence de son ouvrage ; on les vendait sans doute au théâtre, et même, lorsque la représentation avait lieu à la cour ou chez quelque riche particulier, on les donnait aux personnages de distinction. La première entrée du divertissement quit suit le Bourgeois gentilhomme nous fait assister à une distribution de ce genre ; un des personnages s’écrie :

De tout ceci, franc et net
Je suis mal satisfait,
Et cela sans doute est laid,
Que notre fille,
Si bien faite et si gentille,
De tant d’amoureux l’objet,
N’ait pas à son souhait
Un livre de ballet
Pour lire le sujet.

Quand le livret était ainsi destiné à expliquer un ballet, il formait à lui seul toute la publication ; mais, lorsqu’il s’appliquait à un opéra, il paraissait d’ordinaire avant l’ouvrage ; voici, du reste, les détails que Corneille nous donne à ce sujet à la fin du dessein d’Andromède : « J’ay dressé ce discours seulement en attendant l’impression de la pièce entière, pour seruir à soulager la pluspart de mes spectateurs, qui, pour mieux satisfaire la veuë par les grâces de la perspective, se placent dans les loges les plus esloignées où