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DE LA LANGUE DE CORNEILLE

Ces trois vers sont tout ce qui nous reste d’un ouvrage aujourd’hui perdu, d’une traduction en vers français de la Thébaïde de Stace, dont fait mention le privilège de Tite et Bérénice accordé à Corneille le 31 décembre 1670.

Il est étrange de se voir ainsi contraint de recueillir chez un grammairien de minces fragments d’un ouvrage imprimé de Corneille, tout comme s’il s’agissait d’un poème appartenant à la plus haute antiquité. Ce livre, qu’on doit encore conserver l’espoir de retrouver quelque jour, n’ajoutera rien, à coup sûr, à la gloire de notre auteur ; mais il contribuera peut-être à accroître encore l’opinion que nous devons nous faire de la flexibilité trop peu appréciée de ce merveilleux génie.

C’est le même genre d’utilité qu’a eu le charmant petit poème, tout récemment découvert et publié, du Presbytère d’Hénouville. Avant qu’il eût paru, on ne connaissait guère d’autre passage de Corneille témoignant d’un vif sentiment de la nature champêtre que ces quatre vers de la première édition de Clitandre (II, VI, 13) :

Ne craignés point, au reste, un pauvre villageois
Qui seul, et désarmé, cherche dedans ce bois
Un bœuf, piqué du taon, qui brisant nos closages
Hier, sur le chaud du jour, s’enfuit des pasturages.

La pièce, nouvellement publiée, confirme ce que ceci faisait seulement pressentir, et nous montre Corneille épris de ses paysages normands et surtout des riants aspects de la Basse Seine, mais unissant d’ailleurs à cette admiration toute spéculative et toute poétique une estime de campagnard connaisseur pour les poissons de l’étang, les lapins de la garenne et les faisans de la basse-cour.

M. Lefèvre, en publiant ce poème, a négligé les détails qui auraient complété, sur un nouveau point,