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DE LA LANGUE DE CORNEILLE

Les prépositions et les adverbes n’étaient pas encore complètement séparés dans l’usage, et sur, dessus, sous, dessous, dans, dedans, étaient pris très souvent les uns pour les autres ; de plus, les prépositions s’employaient chacune dans une foule d’acceptions différentes ; elles n’avaient pas encore été ramenées à la rigueur absolue d’un sens unique, et leur incroyable flexibilité créait une foule de tours nouveaux et facilitait singulièrement la tâche si difficile du poète ; il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir dans notre Lexique les articles à et de.

Mais c’est dans la syntaxe surtout que régnait alors la

    … L’heureux malheur qui vous a menacez
    Avec tant de justesse a ses temps compassez.

    (Ibid., III, i, 7.)

    Le ciel, qui nous choisit luy-mesme des partis,
    A tes feux et les miens prudemment assortis.

    (La Veſve, I, i, 70.)
    Oui, sans doute, Clarice a son ame blessée.
    (Ibid., IV, v, 10.)
    Cette heureuse nouvelle a mon ame ravie.
    (Ibid., IV, vi, 29.)

    Mon père est mort, Elvire, et la première épée
    Dont s’est armé Rodrigue a sa trame coupée.

    (Le Cid, III, iii, 5.)
    Aucun étonnement n’a leur gloire flestrie.
    (Horace, III, v, 37.)

    Quelle horreur, d’embrasser un homme dont l’épée
    De toute ma famille a la trame coupée.

    (Ibid., V, iii, 21.)
    Le seul amour de Rome a sa main animée.
    (Horace, V, iii, 61.)

    Mais vous ne scavez pas, Seigneur, que son épée
    De l’horrible Méduse a la teste coupée.

    (Andromède, IV, i, 20.)