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DE LA LANGUE DE CORNEILLE

été écrite que dans ces derniers temps, mais qui n’en a pas moins été observée avec beaucoup d’exactitude, et qui veut que si un que se trouve entre deux verbes le second soit mis au subjonctif[1].

Le participe présent n’était pas restreint à son usage actuel ; parfois il jouait le rôle du gérondif latin[2] ; sou-

  1. Que entre deux verbes, exigeant que le second soit mis au subjonctif.

    Cette règle a été formulée par M. Génin à l’occasion du passage suivant de la Farce de Patelin (896).

    Suis-je des foireux de Bayeux ?
    Jehan de Quemin sera joyeux,
    Mais qu’il sache que je le sée.

    Elle explique les exemples de Corneille que nous allons rapporter :

    Je vois avec chagrin que l’amour me contraigne
    À pousser des soûpirs pour ce que je dédaigne.

    (Le Cid, I, ii, 59.)
    La plus belle des deux, je croy que ce soit l’autre.
    (Le Menteur, I, iv, 11.)

    J’aurois crû qu’Aristie icy réfugiée.
    Que forcé par ce maistre il a repudiée,
    Par un reste d’amour, l’attirast en ces lieux.

    (Sertorius, I, ii, 33.)
    Je croyais qu’elle peust se rompre pour un Roy.
    (Suréna, III, iii, 18.)
  2. Participe présent employé comme le gérondif latin.
    Gaignez une maîtresse, accusant un rival.
    (Cinna, III, i, 24.)

    … Toujours ma vertu retrace dans mon cœur
    Ce qu’il doit au vaincu, bruslant pour le vainqueur.

    (Pompée, II, i, 3.)