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DE LA LANGUE DE CORNEILLE

verbe simple, comme lorsqu’il dit dans Mélite (I, i, 104) :

… C’est en vain qu’on recule,
C’est en vain qu’on refuit.

ou qu’il emploie rechanter dans le sens de chanter, célébrer.

Beaucoup de verbes, aujourd’hui nécessairement neutres, étaient alors employés activement ; ainsi l’on trouve attenter, contribuer quelque chose, crier, moquer une personne, passer quelqu’un pour tyran.

Le parfait défini s’employait souvent à la place du parfait indéfini[1], et l’on se servait du subjonctif dans une foule de cas où il ne serait plus en usage, uniquement parce que la phrase renfermait une idée de conditionnel[2], ou même en vertu d’une règle qui n’a peut-être

  1. Voyez dans les Thèses de Grammaire, par B. Jullien, le chapitre du prétérit en français, où plusieurs exemples tirés des pièces de Corneille sont éclaircis et justifiés.
  2. Subjonctif dans le sens du conditionnel.
    … S’il fust jor, ge me levasse.
    (Roman de la Rose, 2512.)
    Qui me payast, je m’en allasse.
    (Patelin, 603.)

    C’est l’espoir qui nourrist mes jours infortunez
    Sans cela dès longtemps ils fussent terminez.

    (Garnier, Cornélie, III, 276.)
    … Je crains qu’un amy en perdist le repos.
    (Corneille, la Galerie du Palais, III, i, 68.)

    Mais, encor, une fois, souffrez que je vous die
    Que cette passion dust estre refroidie.

    (Cinna, I, ii, 9 ; 1643–1648.)

    Plus tard :

    Qu’une si juste ardeur devroit estre attiédie
    D’un cœur comme le mien qu’est-ce qu’elle n’obtienne ?

    (Polyeucte, II, ii, 92 ; 1643–1648.)

    Je ne vois pourquoy cela ne puisse arriver qu’à un prince. (Dédicace de Don Sanche.)