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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

frayer la voie à de plus expérimentés ou à de plus heureux.


Tâchons donc de déterminer :

1o Les conditions indispensables à la connaissance suffisamment approfondie d’une langue ;

2o La manière dont la nôtre a été étudiée jusqu’ici ;

3o La méthode à l’aide de laquelle elle devrait l’être.

II

Pour posséder parfaitement une langue, il faudrait :

1o Connaître tous les mots dont elle se compose ;

2o Se rendre un compte exact des divers rôles que ces mots peuvent jouer dans le discours.

Le Dictionnaire et la Grammaire sont les deux ouvrages destinés à nous faciliter ce double résultat ; mais ils n’y contribuent que fort imparfaitement.

La première des deux conditions est d’ailleurs impossible à remplir dans toute son étendue.

Chaque homme emploie, pour l’usage ordinaire de la vie, un nombre assez borné d’expressions, qui s’étend plus ou moins en raison de ses besoins, de son intelligence, de ses relations avec ses semblables.

Cette langue générale n’est pas d’ordinaire la seule qu’il parle ; il y en a une autre qu’il connaît mieux, dont il se sert avec plus d’exactitude et de justesse, et qui cependant n’est familière qu’à un petit nombre de gens : c’est celle de sa profession.