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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

de ses explorations s’est successivement étendu ; sa méthode s’est transformée ; notre langue en particulier a vivement captivé l’attention de l’Europe savante. Mais, tandis que ces progrès s’accomplissaient avec grand éclat dans le domaine de l’érudition, où le public ne s’aventure guère, à côté, ou plutôt au-dessous, les rédacteurs de livres élémentaires continuaient à copier les travaux de leurs devanciers, ou introduisaient dans l’enseignement quelques-unes de ces innovations individuelles qui ne reposent ni sur la philosophie du langage ni sur l’histoire de notre idiome, et n’ont pour base que la fantaisie de ceux qui les imaginent.


L’importance même des découvertes accomplies semble avoir contribué à les empêcher de pénétrer dans l’enseignement élémentaire. On y aurait bien fait passer quelques faits isolés, quelques corrections de détail qui n’eussent pas sensiblement modifié l’ensemble, mais le changement complet de principes et de méthode, qu’il devenait indispensable d’adopter, a découragé beaucoup de gens. D’autres n’ont pas même tenté cette laborieuse transformation : ils ont cru de bonne foi qu’il suffisait d’exposer à tous, sans préparation et dans leur appareil scientifique, les vérités nouvelles ; naturellement ils ont échoué, et ont conclu de leur insuccès que le public s’intéresse peu à ces matières et est d’humeur à étudier indéfiniment la langue française dans la grammaire de Lhomond ou, tout au plus, dans celle de Chapsal.


Tel n’est pas notre avis : nous croyons qu’on s’empressera de faire mieux dès qu’on le pourra.


L’important serait de transformer les ouvrages élémentaires à l’aide des découvertes récentes. Nous l’essayerons pour notre part ; et, si nous ne pouvons y parvenir, peut-être du moins contribuerons-nous à