Page:Marty-Laveaux - Études de langue française, 1901.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
DE LA LANGUE DE CORNEILLE
étoit un des plus beaux qu’il eût jamais fait. » Cela, il faut en convenir, ne prouve pas grand’chose, si ce n’est que le savant grammairien était dans une certaine intimité avec l’illustre tragique ; c’est peut-être, du reste, tout ce qu’il tenait à établir.

En recherchant, chez les contemporains de notre poète et dans ses propres œuvres, les rares témoignages relatifs aux locutions introduites par lui dans la langue, nous avons noté ce passage de la Suite du Menteur, où Corneille signale avec une certaine complaisance un proverbe auquel avait donné lieu sa précédente comédie :

La pièce a réussi, quoique foible de style,
Et d’un nouveau proverbe elle enrichit la ville ;
De sorte qu’aujourd’hui presque en tous les quartiers
On dit, quand quelqu’un ment, qu’il revient de Poitiers.

(IV, 305, Suite du Ment., 295–298.)

Le fait est curieux, mais il se pourrait bien que ce ne fut là qu’une simple bouffonnerie de Cliton.

Sans parler des vers du Cid, que l’on cite à chaque instant, tels que :

La valeur n’attend point le nombre des années…

III, 129. Cid, 406.)

À vaincre sans péril on triomphe sans gloire…

(III, 130. Cid, 434)

… Le combat cessa faute de combatans…

(III, 175. Cid, 1328.)
ce chef-d’œuvre de notre poète a donné lieu à un proverbe des plus glorieux pour lui, et Pellisson nous raconte, dans son Histoire de l’Académie, qu’il passa en