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DE LA LANGUE DE CORNEILLE

renferme de curieux renseignements, la nomenclature n’en est pas moins des plus défectueuses, et souvent un mot qui manque à son rang alphabétique se trouve employé dans le cours d’un autre article ; c’est, par exemple, ce qui arrive pour captieux, qu’on ne rencontre qu’au mot subtilité.

Comme les Dictionnaires de ce temps sont rédigés avec une absence complète de méthode, on ne saurait en consulter un trop grand nombre ; il existe une foule de Lexiques français-anglais, français-italiens, français-espagnols, trop peu connus, trop peu recherchés, et qui pourraient cependant être du plus grand secours. Les principaux sont : en 1509, le Recueil de dictionnaires françoys, espaignols et latins d’Henri Hornkens ; en 1603, le Dictionnaire françois et italien de Pierre Canal ; en 1607, le Thrésor des deux langues françoise et espagnolle, par César Oudin ; en 1609, le Thrésor des trois langues française, italienne, espagnolle, par Hierosme Victor ; en 1611, l’excellent Dictionnaire françois-anglois de Cotgrave, bien plus complet que Nicot ; en 1643, les Recherches françoises et italiennes d’Antoine Oudin. Enfin, le curieux Glossaire de Sainte-Palaye, qui n’a été imprimé que jusqu’au mot asseureté[1], mais dont les matériaux, disposés alphabétiquement, sont conservés au Département des manuscrits de la Bibliothèque impériale, offre d’inépuisables ressources pour l’histoire de notre langue.

Il est vrai que tous ces lexiques ne remplacent pas la lecture attentive de nos anciens auteurs, mais du moins ils mettent sur la voie, et empêchent de tomber dans des erreurs aussi graves et aussi nombreuses que celles que nous venons de signaler.

  1. La Bibliothèque impériale possède de ces premières feuilles du Glossaire des épreuves, la plupart corrigées à la main et dont une porte la date du 21 octobre 1775.