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LA LANGUE DE LA PLÉÏADE

répété la première syllabe du mot : comme pe-petiller, ba-battre[1]. » En effet il a dit :

… priez l’astre du iour
Qu’il quitte vistement le flo-flotant seiour.

(5e iour de la Sepmaine, p. 495.)

Là le subtil esprit, sans cesse ba-batant,
Tesmoigne la santé d’vn pouls tout-iour constant.

(6e iour de la Sepmaine, p. 680.)

… leur chaleur encor pe-petillante allume
Vn froid barreau de fer…

(1er iour de la Seconde Sepmaine, Eden, p. 104)

C’est à lui qu’est revenu le triste honneur de ces inventions grotesques, qui remontent en réalité jusqu’à Ronsard.

Étendre indéfiniment le vocabulaire était le but constant de celui-ci. Il en fait en ces termes la déclaration formelle (VI, 460) : « Plus nous aurons de mots en nostre langue plus elle sera parfaitte. »

Vauquelin de la Fresnaye, dans son Art poëtique, imprimé pour la première fois en 1605. mais composé beaucoup plus tôt, énumère (I, v, 315–364) la plupart des expédients employés par la Pléïade, et en expose ainsi les résultats (I, 11, p. 61) :

La France aussi depuis son langage haussa,
Et d’Europe bien tost les vulgaires passa,
Prenant de son Roman la langue delaissée,
El dénouant le neud, qui la lenoit pressée,
S’eslargit tellement qu’elle peut à son chois,
Exprimer toute chose en son naïf François.

Brantôme, qui n’est pas moins formel quant aux progrès de la poésie contemporaine, attribue sans hési-

  1. Brief avueriissement de G. de Saluste, Seigneur de Bartas Sur quelques points de sa première et Seconde Semaine. — À Paris. À l’Oliuier de P. L’Haillier… M. D. LXXIIII. In-4o.