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LA LANGUE DE LA PLÉÏADE

à Bertran Bergier, poëte dithyrambique, Du Bellay s’exprime ainsi (II, 565) :

Apres en rimes héroïques
Tu feis de gros vers bedonniques,
Puis en d’autres vers plus petis
Tu feis des hachi gigotis.

Ainsi nous oyons dans Virgile,
Galoper le coursier agile
Et les vers d’Homere exprimer,
Le flo-flotement de la mer[1].

Flo-flotement semble employé ici avec une nuance de moquerie ; il faut remarquer pourtant que, dans ses ouvrages de jeunesse, Ronsard n’a pas hésité à pratiquer ce redoublement de la première syllabe de certains mots.

Il a dit (II, 429) :

… la belle onde
Caquetant sur ton grauois
D’vne flo-flotante vois.

et (VI, 203) :

… la bien-heureuse Seine
En floflotant vne joye demeine.

Il a écrit aussi dans l’Ode à Michel de l’Hospital :

… leur sein qui babatoit ;
mais dans ses dernières éditions il a substitué haletoit à babatoit (II, 122).

Du Bartas, moins scrupuleux, se vante de s’être servi de mots ainsi forgés : « pour augmenter la signification, dit-il, et représenter plus au vif la chose, i’ay

  1. Voyez Iliade, XXII, 221, le mot προπροκυλινδόμενος.