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LA LANGUE DE LA PLÉÏADE

toutes sortes d’Ouuriers et gens Mecaniques, comme Mariniers, Fondeurs, Peintres, Engraueurs et autres, sçavoir leurs inuentions, les noms des matieres, des outilz, et les termes vsitez en leurs Ars et Mestiers, pour tyrer de là ces belles comparaisons, et viues descriptions de toutes choses. » C’est ce que répète presque textuellement Ronsard (VI, 451) : « Tu pratiqueras les artisans de tous mestiers, de Marine, Vennerie, Fauconnerie, et principallement ceux qui doiuent la perfection de leurs ouurages aux fourneaux, Orfeures, Fondeurs, Mareschaux, Minerailliers, et de là tireras maintes belles et viues comparaisons, auecques les noms propres des outils, pour enrichir ton œuure et le rendre plus aggreable. »

La nouvelle école étendait encore le vocabulaire par d’autres artifices ; Du Bellay avait dit (I, 51) : « Vses donques hardiment de l’Infinitif pour le nom… De l’Adiectif substantiué… Des Noms pour les Aduerbes. »

En 1550, l’auteur de la Breue exposition de quelques passages du premier liure des Odes, qui signe des initiales I. M. P. et paraît être, comme le remarque M. l’abbé Froger, Jean Martin, Parisien, expose la manière de former une famille de mots nouveaux, à l’aide de quelques débris survivants de notre ancienne langue (fo 162, 1o) : « Bien est vrai quand un vocable a long tens regné, faisant à l’imitation des vieus arbres, reuerdir un petit regeton du pié de son tronc, pour deuenir comme lui grand et parfait, on ne le doit plus regretter, ni appeller seché, ne peri : aiant laissé en sa place un nouueau fils, pour lui donner la mesme verdeur, force et pouuoir, qu’il auoit auparauant, comme la nouuelle monnoie succede à la vieille, en pareil honneur et credit. »

L’explication est donnée d’une façon vive, qui sent bien l’inspiration directe de Ronsard, mais elle est assez obscure. Jacques Pelletier du Mans, qui, en 1555,