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suivi en 1846 le cours de paléographie de Guérard ne purent guère profiter des bienfaits de l’ordonnance du 31 décembre 1846, qui avait réorganisé l’École sur des bases beaucoup plus larges que par le passé. Les cours de deuxième année commencèrent à la mi-mai 1847 et se terminèrent à la fin de juillet. Quant à ceux de troisième année, ouverts au mois de novembre, ils s’interrompirent à la fin de février 1848 et furent à peine repris de temps à autre pendant le printemps et l’été qui suivirent. L’enseignement de l’École n’en exerça pas moins une influence salutaire et durable sur l’esprit de Marty-Laveaux et sur la direction de ses travauux.

Nourri dès son enfance des souvenirs de son grand-père maternel, le grammairien Laveaux, il était encore sur les bancs quand il donna une nouvelle édition du Dictionnaire des difficultés de la langue française. Le goût inné qu’il avait pour les études grammaticales s’affermit et s’affina grâce aux conseils et aux encouragements d’un de ses professeurs, François Guessard, dont il devint bientôt l’un des plus intimes amis, et auquel il a payé depuis sa dette de reconnaissance en retraçant, dans une notice émue, le caractère d’un maître bien-aimé, et en rappelant les travaux qui lui avaient valu une juste célébrité. Il n’avait cependant pas encore trouvé sa voie quand il sortit de l’École au mois de janvier 1849, après avoir soutenu une thèse sur le grammairien Virgilius Maro.

Appelé à prendre part en 1852 a la rédaction du Catalogue des livres imprimés de la Bibliothèque Nationale, il se fit remarquer par des habitudes d’ordre et de précision dont tous ses travaux portent l’empreinte. Il devint bientôt le chef-adjoint du bureau du Catalogue, et il serait à coup sûr arrivé à un grade plus élevé s’il ne s’était pas décidé, en 1862, à quitter la Bibliothèque, pour se ménager un peu de liberté et de loisir, de façon à poursuivre des travaux sur la littérature française, qui avaient toujours eu pour lui un attrait particulier.

En 1853, il avait donné dans la Bibliothèque de l’École des Chartes un Essai sur la langue de La Fontaine, prélude d’une édition très soignée des œuvres du grand fabuliste et conteur, qui parut de 1856 à 1860. Il remporta en 1858 le prix que l’Académie française avait proposé pour un Lexique de la langue et du style de Corneille. Il s’était ainsi préparé de longue main à publier la monumentale