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Nous avons vu l’importance que certains membres de la Commission de Vilno attachaient au chant des cantiques. Puisque le peuple ne devait plus les chanter en polonais, il fallait les lui donner en langue russe. Là était la difficulté : on ne traduit pas les hymnes aussi facilement que la prose. On l’essaya cependant, et en 1870 parut le premier essai sous ce titre fort modeste : Cantiques religieux que le peuple chante pendant les fêtes de Noël. Les cantiques sont au nombre de neuf ! La traduction est attribuée à une religieuse russe de Vilno[1] et la censure porte la signature du prélat Toupalski. Je ne connais que le petit recueil des Cantiques et des prières publié en 1871 à Saint-Pétersbourg avec l’approbation de Mgr Staniewski. La forme en est presque élégante et la traduction surpasse, sous le rapport du style, toutes les productions énumérées plus haut, quoiqu’elle laisse à désirer quant à la prosodie. Le recueil ne contient que sept cantiques.

Telle est la flore littéraire cultivée a Vilno par les zélateurs de la russification. Ajoutons-y, pour la compléter, une histoire abrégée de l’Ancien et du Nouveau Testament, et celle de l’Eglise catholique.

Mais, ce n’était pas tout d’imprimer ces livres ; l’essentiel était de les faire accepter. Là se trouvait la difficulté, particulièrement au sujet du nouveau rituel. L’administrateur de l’archidiocèse de Mohilev, Mgr Staniewski, sollicité par le directeur des cultes étrangers de donner son approbation, hésita longtemps, en faisant valoir son incompétence dans une affaire qui ne relevait que du Saint-Siège, il conjura de n’y pas donner suite ; mais enfin on parvint à triompher de sa résistance et les exemplaires du rituel furent expédiés par le collège ecclésiastique aux autorités diocésaines. Le courageux évêque de Jytomir, Mgr Borowski, refusa absolument de s’en servir : on l’exila à Penza. Mgr Wolonchewski, évêque de Samogitie, fit déposer les siens aux archives et continua d’employer dans le culte supplémentaire les langues lithuanienne et lette[2].

  1. Persécutions en Lithuanie, p. 120.
  2. Persécutions de l’Eglise en Lithuanie, p. 133 et suiv. L’histoire de ce rituel y est relatée en détail.