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du titre les mots : A l’usage des catholiques romains. L’opuscule est muni de l’approbation du censeur ecclésiastique, M. Mamert de Fulstein-Herburt, et un avis placé a la seconde page fait savoir que le texte russe a été examiné par les autorités diocésaines. Cet avis était nécessaire pour prévenir ou calmer les scrupules des consciences catholiques. Il faut savoir qu’il n’existe en russe aucune traduction de la Bible d’après la Vulgate. Ce fut même une des difficultés que l’administrateur du diocèse de Vilno avait fait valoir auprès du gouvernement contre l’introduction du russe dans le culte catholique. On a répondu qu’il y avait une traduction slavonne de la Bible adoptée par les Ruthènes-Unis, qu’on allait la réimprimer et la distribuer aux prêtres catholiques. On a oublié que les catholiques du rite latin sont tenus, en vertu des décrets du concile de Trente, de suivre la Vulgate, et non les Septante, d’après lesquels a été faite la version slavonne ; que l’ancien dialecte dans lequel celle-ci est faite et les caractères slavons avec lesquels elle est imprimée en rendent l’intelligence et la lecture difficiles. Quant à la version russe de la Bible entière, même d’après les Septante, elle reste encore à faire.

On comprend qu’une traduction des textes évangéliques ait inspiré de la défiance, tant à cause de la nouveauté de la chose que vu les circonstances au milieu desquelles elle vint au jour. Encore si le texte imprimé était à l’abri de tout reproche ; mais non ; l’inexpérience littéraire du traducteur se trahit sans cesse, et les fautes qu’on pourrait y relever, soit contre le sens, soit contre le génie de la langue, formeraient une liste assez longue. Qu’on juge par les exemples suivants : les mots chair et corps y sont employés indistinctement ; d’où il arrive que la phrase classique de saint Jean : Et verbum caro factum est est traduite de la sorte : Et le Verbe s’est fait corps (p. 17). Ailleurs (p. 8), on lit que tout corps verra le salut du Seigneur, au lieu de dire : toute chair (omnis caro). Le péché de luxure est transformé en péché de luxe, de prodigalité (roskoche), et parmi les péchés d’autrui figure celui de les taire devant les supérieurs. Ponce-Pilate devient Pilate de Pont (p. 189 et ailleurs), etc., etc. Malgré cela le Lectionnaire a été imposé aux écoles, et il y eut des professeurs qui perdirent leur place pour n’avoir pas voulu en