Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chisme est sans contredit le plus important et peut-être le moins facile à faire. Outre la connaissance approfondie de la doctrine, il exige la plus grande précision du langage. La moindre inexactitude dans l’expression peut devenir une erreur doctrinale. Il y en a plus d’une dans le catéchisme officiel de Vilno, sans compter une quantité d’autres fautes moins graves, qui accusent dans le traducteur une assez mince connaissance de la langue russe[1].

Il serait injuste de taxer ces erreurs de volontaires. Si elles l’étaient, rien n’expliquerait un semblable manque d’habileté et de prudence de la part des promoteurs de la cause russe. Leur propre intérêt n’exigerait-il pas d’éviter tout ce qui pouvait compromettre le succès, surtout dans les commencements ? Aussi la presse ultra-nationale recommandait-elle la plus grande circonspection. « Il ne faut pas, écrivait la Gazette de Moscou (17 janvier 1870), qu’on nous reproche d’attenter à l’intégrité de la foi catholique ; il faut la laisser intacte, avec toutes ses particularités, et il vaut mieux ne point se mêler de traduction que de faire les moindres changements dans les livres catholique, qu’on traduit. »

Ce conseil n’est pas sans rapport au catéchisme de Vilno, dont nous nous occupons en ce moment. Lorsque celui-ci parut au jour, des plaintes ne tardèrent pas à s’élever de la part des prélats catholiques les plus haut placés. Ils reprochèrent au traducteur d’avoir altéré le passage relatif à l’Église. Le ministère tint compte des observations, fit suspendre la vente du livre et n’en autorisa la circulation qu’après y avoir introduit les corrections demandées. En même temps il ordonna une nouvelle édition dans laquelle l’article a été modifié dans le sens franchement catholique. Le Pape y est formellement chef visible de l’Église catholique, successeur de saint Pierre, prince des apôtre, et en cette qualité vicaire de Jésus-Christ sur la terre

  1. Ainsi, pour ne citer que quelque, exemple, l’axiome : « Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur aussi » est rendu d’une façon rien moins que grammaticale (p. 40). Ailleurs (p. 36) on lit que les tentations sont causées par les caprices (prihoti) au lieu de dire convoitises (pohoti). Les trois personnes de la T. S. Trinité n’auraient, d’après l’auteur, qu’une nature et une substance pareille ou uniforme, le mot russe correspondant (onidakovy) ayant le sens d’uniformité plutôt que d’identité.