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II. — L’auteur du second mémoire commence par réfuter les conclusions de M. Samarine qu’il trouve insuffisantes puisqu’elles laissent intacte la prédication en polonais ; puis, envisageant la question au double point de vue du polonisme et de l’orthodoxie russe, il s’attache à prouver que le premier ne recevra de l’introduction du russe qu’un tort apparent, tandis que la seconde en éprouvera un dommage réel et certain : selon lui, la source du mal qu’on veut combattre n’est pas dans le polonisme, mais bien dans le catholicisme, qu’il désigne le plus souvent sous le nom de latinisme ou de papisme. Partant de ce principe, dont la fausseté est manifeste, M. Derevitski, auteur du mémoire, prouve d’abord que l’introduction du russe dans le culte ne saurait nuire au polonisme et ses preuves méritent d’être remarquées. Elles procurent plus d’un argument en faveur de nos conclusions, en ce qu’elles démontrent l’inefficacité de la mesure décrétée par le gouvernement. Voici ces preuves.

La première est fournie par la nouvelle génération des Polonais recevant leur éducation dans les établissements publics des capitales, par conséquent dans un milieu et sur un sol éminemment russe, où la doctrine religieuse leur est enseignée non en polonais, mais dans la langue du pays. Eh bien ! malgré cela, leur polonisme est demeuré intact et ce sont eux qui ont donné les partisans les plus ardents et les plus influents à la cause de la propagande révolutionnaire. Aux yeux de l’estimable conseiller d’État, comme de tant d’autres Russes, le polonisme est synonyme de révolution. Quelque peu fondée que soit cette prévention, l’auteur a parfaitement raison d’affirmer l’impuissance du remède qu’on voudrait apporter à ce prétendu mal. On lui a objecté que les étudiants polonais dont il parle continuaient à entendre les sermons en polonais et à chanter à l’église dans la même langue. L’objection n’est pas sérieuse. Elle se réfute d’ailleurs par l’exemple de la Samogitie.

La Samogitie est un pays éminemment catholique, où tout le monde, sans exception, professe la religion romaine. Quelque longue et universelle qu’ait été l’influence que les Polonais ont exercée sur le pays, ils ne parvinrent pas à introduire leur langue ni dans l’usage populaire ni dans le culte religieux ; les