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IV

Le projet d’introduire l’usage de la langue russe dans le culte catholique, nous l’avons dit dès le début de ce travail, remonte à l’époque des événements de 1863. Toutefois il n’avait alors rien de déterminé. L’attention du gouvernement était absorbée par d’autres mesures de russification plus urgentes : il fallait avant tout pacifier le pays.

Il n’entre pas dans notre plan de faire le récit des faits qui ont signalé l’administration du général Mouraviev ou celle de ses successeurs. Cette tâche a été accomplie par d’autres[1]. Il suffit de dire que le régime dictatorial de Mouraviev, 1863-1865, a été continué après lui par le général von Kaufmann, depuis gouverneur général de Turkestan et vainqueur de Khiva. C’est de son temps (1865-1866) qu’une nuée d’employés russes vint s’abattre sur le pays pour le dévaster ; c’est alors encore qu’on vit se former à Vilna le triumvirat composé des abbés Zylinski, Niemekcha et Toupalski, voués corps et âme aux intérêts du gouvernement, et que fut établie la Commission spéciale pour les affaires catholiques.

La Commission avait pour président M. Storojenko qui s’adjoignit en qualité de secrétaire l’ex-abbé Kozlovski, apostat, homme d’ailleurs instruit et plein d’activité. Elle traça un plan des réformes à introduire dont voici quelques-unes des plus saillantes : 1° ramener à l’orthodoxie (c’est-à-dire au schisme) ceux des

  1. Voir l’ouvrage intitulé : Persécutions de l’Église en Lithuanie et particulièrement dans le district de Vilno, traduit du polonais et précédé d’une préface du R. P. Lescœur (Paris, 1873). L’auteur anonyme de cet écrit paraît trop bien renseigné pour ne pas avoir été mêlé aux affaires dont il dévoile les intrigues. S’il n’est pas exempt d’erreur dans l’appréciation des choses du passé ou dans les questions étrangères a son sujet principal, on ne peut lui refuser le mérite de l’impartialité et de la véracité en ce qui concerne les faits dont il a été témoin ou qui sont arrivés de son temps. L’ouvrage comprend l’intervalle de temps compris entre 1863, année de la dernière insurrection et 1872 ; il est partagé en quatre périodes, ou tableaux correspondant à autant d’administrateurs qui se sont succédé en Lithuanie, en commençant par le général Mouraviev.