siens, dans la province de Kovno, à 21,743, dont 14,600 starovères et 257 catholiques. D’après M. Erkert, ce gouvernement n’aurait que 16,000 Russes en tout, chiffre bien plus vraisemblable[1]. Comme le starovérisme est une plante qui ne pousse que sur le sol grand-russien et que les Russes de l’Ouest ne le cultivent guère, il faut en conclure que les 6,877 Grands-Russes qui restent en trop se composent d’employés du gouvernement ou de soldats en garnison dans le pays, — population trop flottante pour mériter de figurer sur un tableau ethnographique. Il peut se faire cependant que le chiffre des rascolniks soit marqué au-dessous de la réalité, rien n’étant plus mystérieux que le nombre réel de ces sectaires. Ainsi, les tableaux officiels en comptent près de 1 million seulement, tandis qu’ils dépassent certainement 10 millions. Il y a des auteurs qui portent leur nombre à 12 et même à 15 millions. De même, d’après les calculs officiels, dans tout le gouvernement de Toula, il n’y aurait que 2,000 starovères, et la vérité est que la seule ville de ce nom en contient davantage[2].
La statistique des Lithuaniens offre des divergences non moins frappantes. Ainsi, M. Rittich n’en compte que 1,286,296 en tout, tandis que la Société de géographie porte leur nombre à 1,645,587. De plus, toutes les deux en assignent 64,149 au gouvernement de Minsk, environ 1.000 à celui de Mohilev et près de 20,500 à la Volhynie, — soit 85,694 âmes dont il n’existe pas la moindre trace sur le tableau d’Erkert. Enfin, dans le gouvernement de Vitebsk, il y aurait d’après Rittich 167,000 Lithuaniens, et seulement 140,000 d’après Erkert. Malgré cela, chose étrange ! la totalité de la population lithuanienne l’emporte chez ce dernier sur le chiffre qu’en donne M. Rittich !
On pourrait multiplier les exemples qui constatent des divergences analogues. Bornons-nous à une remarque générale. En examinant le tableau de M. Batushkov, on ne saurait s’empêcher d’y découvrir une certaine tendance à exagérer partout l’élément russe au détriment polonais et lithuanien. Mais il est dans le vrai quand il s’agit des totalités : en règle