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rer ou favoriser l’immigration. Les provinces méridionales, au contraire, étaient réputées pour leur fertilité, comme elles le sont encore de nos jours. Quant aux contrées du nord-ouest, si on ne pouvait pas dire d’elles que le lait et le miel y coulaient comme dans les terres de la Petite-Russie, elles attiraient le Polonais à cause de leur importance politique. Vilno était la capitale du grand-duché de Lithuanie, qui eut ses jours de puissance et de gloire ; il fut même un moment où ses princes étaient sur le point de saisir l’hégémonie du monde slave. La Pologne sentait bien la nécessité de s’unir à une si puissante voisine déjà agrandie par la conquête des principautés russiennes ; elle l’essaya plus d’une fois ; enfin l’union fut consommée en 1569, à Lublin, et les deux pays ne firent plus qu’un seul corps politique. Si, aujourd’hui, la Lithuanie (dans le sens large du mot) est un objet de contestation entre les Russes et les Polonais, il faut en chercher la cause surtout dans ce lien historique qui a duré pendant quatre siècles.

Ainsi s’explique la bifurcation apparente de la voie suivie par les flots de l’immigration polonaise. En réalité, ces flots, sans cesse renouvelés, ont envahi tout le pays du grand-duché lithuanien comme des principautés russiennes, quoique dans une mesure inégale, ainsi que nous venons de le dire. Si nous insistons sur ce point, c’est afin de suppléer en quelque manière à ce qui manque au modeste tracé géographique placé en tête de ce travail, et qui, nous l’avouons, ne parle pas aux yeux autant que nous l’aurions désiré.

Celui qui voudrait se rendre la chose plus sensible pourra prendre, par exemple, l’atlas de M. Erkert[1]. Il y verra, sur la première carte, chaque nationalité indiquée par une couleur distincte. Il remarquera, sur le fond vert qui représente la nationalité russe, une foule de fiches roses d’autant plus nombreuses et


    à entrer dans la voie du progrès, après des siècles de stagnation. Aujourd’hui, par exemple, dans le gouvernement de Minsk, qui égale en étendue les trois gouvernements de Moscou, de Kalouga et de Toula pris ensemble, il y a, en moyenne, 684 habitants sur une lieue carrée ; et dans le district de Mozyr, le plus marécageux de tous, on n’en compte que 287, tandis qu’on les évalue à 1,547 par lieue carrée dans les districts situés en dehors du rayon des marécages, et à 2,770 dans l’intérieur de la Russie.

  1. Il en sera question plus loin.