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coups de canon dont les boulets pour la plupart étoient de terre cuite au centre desquels étoit un caillou. Les boulets de fer ou de plomb nous auroient coûté trop cher à Eléabad. Chemin faisant, les commandants des villes et villages djates, sur la route, venoient se jeter à nos pieds pour nous prier de les épargner. Ils étoient les premier à dire pis que pendre de leur maître Dourdjousingue. Nous ne leur fîmes aucun mal.

Rencontre avec le chazada.

Le surlendemain, jour de Pâques, nous arrivâmes à Sicandra, petite ville qui avoit été donnée depuis peu aux Marates et qui n’est éloignée de Dehly que d’environ dix sept cosses. C’est là que nous joignîmes le Chazada Alygohor, fils ainé de l’empereur et son héritier présomptif. Voici ce qui y donna occasion.

On sait que toutes les provinces de l’empire mogol payent le chote aux Marates, c’est à dire le quart des revenus, droit simple dans son origine et qu’Aurangzeb n’avoit accordé que pour une petite portion du Dékan, mais que les Marates ont étendu partout dans la suite, plus par leurs intrigues, leurs ravages et la désunion des seigneurs maures, que par aucune action de valeur. Olkarmollar, appellé par le vizir Ghazioudinkhan à la tête de plus de cent mille Marates, après avoir dans sa route ravagé une partie du pays entre le Gemna et le Gange, étoit allé porter la guerre