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LE MUSICIEN DE PROVINCE

rires bruyants et eut bientôt la certitude qu’une détente s’était produite après son départ, parmi les invités qui étaient rentrés dans le salon. Il entendit aussitôt résonner le piano et la voix de Mme Muret qui chantait un air d’opérette inconnu de M. Grillé.

Celui-ci ferma la fenêtre, s’imposa une absolue discrétion et se coucha. Il était minuit lorsque le mail quitta Rûlami. M. Grillé s’endormit tristement, un peu inquiet de l’espèce de révélation qu’avait été pour lui la réunion du dimanche.

Quand il se réveilla le lendemain, le malaise ne l’avait pas quitté et persista jusqu’au moment où il revit Mme Muret.

M. Grillé était un digne homme que l’hospitalité la plus généreuse n’eut pas retenu dans une maison d’une fréquentation seulement douteuse.

Son inquiétude prit des proportions démesurées. Où était-il ? D’où venait cette dame Muret ? En somme, il était arrivé là comme un étourdi, sans avoir pris les renseignements nécessaires.

Au déjeuner, Mme Muret lui demanda si aimablement comment il avait passé la nuit, s’excusa du bruit qu’on avait fait la veille avec une si complète bonne grâce qu’il en fut tout rasséréné. « Ce sont de bons amis, disait Mme Muret, d’excellents amis. Ils viennent souvent main-