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LE MUSICIEN DE PROVINCE

parla Virgile et tout aussitôt voulut se prouver qu’il comprenait son bonheur.

En se penchant, il remarqua les branches élevées d’un cèdre qui abritaient sa chambre des rayons trop ardents du soleil et murmura : « Loetissimus umbrae… »

L’ameublement de la pièce était simple et n’offrait rien d’hostile aux regards d’un artiste. M. Grillé se plut très vite à Rûlami. Les journées s’organisèrent tout naturellement. Le matin il était levé pour le petit déjeuner après lequel il emportait quelques numéros du Monde musical dans un coin du petit bois qui descendait vers la route.

M. Grillé lisait peu et se perdait en contemplations devant la campagne. À travers le feuillage des chênes et des sapins, il apercevait le bleu du ciel, l’argent du fleuve et le vert des prés.

Armé d’une longue vue, il promenait son regard dans tous les sens et quand il avait aperçu un voilier au loin, sur la Loire, il revenait ravi et parlait à Mme Muret de nochers et de naïades.

Ou bien il remontait derrière Rûlami, sur un plateau couvert de cultures. Il regardait jaunir les blés et les seigles, s’étonnait des traitements bizarres appliqués à la vigne, des flots de sulfate de cuivre dont on inondait les ceps, pour prévenir le mildiou.