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LE MUSICIEN DE PROVINCE

d’amateurs voulut organiser des chœurs. Aucun d’eux n’ayant un appartement assez spacieux pour y faire tenir une douzaine de choristes, des contestations s’élevèrent à propos du lieu de réunion. On parla de louer une salle qu’on aurait facilement trouvée.

M. Grillé préféra tout d’abord faire un essai des mérites et de l’intelligence de ses chanteurs. Il fit répéter les parties séparément chez lui. L’effet fut piteux.

L’insuffisance des principaux interprètes était telle que M. Grillé, obligé de seriner à chacun ses phrases, considéra le travail comme trop pénible, même impossible et y renonça.

Ce fut sur ces entrefaites que l’orchestre Pasdeloup, dont le succès était à Paris définitif, vint donner un concert à Turturelle. M. Grillé prit la résolution d’y assister. Le prélude de Tristan figurait au programme avec la Pastorale de Beethoven, un fragment de la Damnation de Faust et le Rouet d’Omphale.

— « Eh bien ! disais-je le lendemain à M. Grillé, c’était un joli concert ? »

— « Ne dites pas, monsieur, que c’était joli. Non, c’était splendide ! » me répondit-il en levant les bras.

Mais M. Grillé ne sut pas maintenir cette impression dans son esprit.

Peu de temps après, il me disait : « Ah ! je