Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

campagne, mais il se pourrait qu’à la fin de la saison des pluies, il se décidât enfin à aller dans le Maïssour ; on l’y suivrait ; pour le moment, ce qui convenait avant tout c’était, à la première occasion favorable, de faire rembourser les avances de Dupleix. Seyed Lasker kh., Chanavas kh. et un nommé Mir Mohamed Oussen kh., représentant attitré du Mogol et présentement gouverneur d’Haïderabad, assurés de l’appui des Français, s’étaient engagés à soutenir franchement Salabet j. ; on pouvait avoir en eux pleine confiance, comme il était bon aussi d’avoir des ménagements avec les principaux seigneurs de la cour.

Lorsque Bussy dictait ces instructions, il se trouvait sur les bords de la rivière Mangera, à 12 cosses d’Oulguir et à 70 d’Haïderabad. Le soubab n’avait consenti à son départ que sous la condition qu’il s’arrêterait quelque temps en cette dernière ville. Habitué à ne traiter les affaires qu’avec lui, il se figurait qu’après leur séparation rien ne marcherait plus. Mais après réflexion, il pensa que Bussy ferait mieux de séjourner d’abord à Oulguir, qui était comme le centre du pays que l’armée devait traverser avant de rentrer dans ses quartiers[1].

Arrivé à Oulguir, Bussy se trouva plus mal encore que les jours précédents. Le 29 janvier, il y avait onze jours que la fièvre ne le quittait pas. Chacun jugea son état désespéré : il avait une douleur de côté très vive qui fai-

  1. Marion du Mersan, un ami de Bussy, récemment arrivé de France et que Dupleix, pour lui donner un grade, avait baptisé commissaire des troupes, nous a laissé de ce pays une description pittoresque : « Nos caravanes nous présentent un spectacle bien uniforme et bien ennuyeux : de vastes plaines presque incultes, des villages incendiés et entièrement détruits, des monceaux de pierre qui ont formé autrefois, dit-on, de grandes villes dont on découvre à peine quelques vestiges. Voilà tout ce que j’ai vu depuis quatre mois que nous sommes sortis d’Haïderabad. » (Lettre à Dupleix du 11 janvier 1753).