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avaient fait opposition à la paix sous prétexte qu’elle consoliderait la situation des Français et préparerait peut-être la voie aux Marates. Ce genre d’opposition n’était pas inconnu à Bussy et il en avait déjà triomphé plus d’une fois par des manœuvres aussi souples qu’exemptes de toute brutalité. Son génie le guiderait sans doute encore une fois entre les écueils, mais comment conjurer le mal d’argent ? le problème paraissait plus difficile à résoudre.

Le 9 décembre, Dupleix avait envoyé à Bussy le détail de ses comptes, il lui était dû d’argent effectivement déboursé 1.589.638 rs. et il prévoyait pour un nouveau trimestre une dépense de 125.000 rs. par mois et 400.000 rs. d’argent comptant. Sans demander le remboursement de toutes ces sommes, ne pouvait-on pas lui en payer seulement la moitié ? Le compte propre à la Compagnie, consistant surtout en fournitures de guerre, était plus élevé encore ; il montait à environ 10 laks, qu’il était nécessaire de rembourser au plus vite : Dupleix tenant essentiellement à ne pas être à découvert de ce côté. Pour toute réponse, Bussy qui savait que le trésor du soubab était vide et que les banquiers faisaient payer fort cher le loyer de leur argent, proposa à Dupleix, alors en négociations avec Mortiz Ali pour la nababie du Carnatic, de ne la lui donner que contre un engagement de payer tous les ans une certaine somme jusqu’à parfait dédommagement desdites avances. Pendant ce temps, Salabet j. n’exigerait aucune redevance pour les revenus du Carnatic. Si ces conditions étaient acceptées, Bussy tenait tout prêt le paravana d’investiture.

Une circonstance imprévue, tout à la fois fâcheuse et favorable, permit à Bussy de sortir de l’impasse où l’avaient conduit tout à la fois ses propres conseils, les