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Dupleix ne doutait pas que ces raisons qu’il avait su envelopper de paroles aimables et affectueuses, n’ébranlassent les résolutions de Bussy et ne le déterminassent à rester dans le Décan. Et comme si la cause était déjà entendue, il l’entretenait ensuite des affaires courantes du pays et de la meilleure façon de les résoudre. C’étaient d’abord les considérations d’usage sur le Carnatic, mais cette fois il y avait une variante. Pour répondre aux préoccupations de Bussy, Dupleix ne repoussait pas toute idée de traiter avec Mahamet-Ali et de lui laisser la possession de Trichinopoly : il envisageait même qu’on pourrait lui faire remise d’une année de revenus pour lui faciliter les moyens de payer ce qu’il devait aux Anglais, bien que ceux-ci fissent monter leurs dépenses à des sommes immenses[1]. Mais un tel accord ne pouvait avoir lieu que si l’entente avec le Maïssour ne réussissait pas. Or Dupleix ne se pressait pas de conclure ; il comptait qu’il obtiendrait plus d’argent si ce pays se sentait sous la menace de Bussy et, à vrai dire c’étaient des avantages financiers que Dupleix recherchait surtout en ce moment. Pressé par la nécessité, il considérait le Maïssour comme une vache à lait qu’on laisse engraisser et qu’on trait au bon moment. En lui cédant Trichinopoly, on augmenterait ses forces contributives, sans danger pour l’autorité du soubab.

Du côté marate, Dupleix était de plus en plus d’avis

  1. D’après Dupleix, un des articles de la convention entre les Anglais et Mahamet-Ali était de passer au compte de Mahamet-Ali mille roupies par soldat, tué, déserté ou mort de maladie, et les Anglais en faisaient porter le nombre à plus de mille, les officiers à proportion : — (A. V. E 3754. Lettre de Dupleix à Bussy du 8 janvier 1753). — Ainsi, dans l’évaluation des dépenses de guerre, les Anglais faisaient entrer en compte les hommes morts ou simplement disparus en combattant l’ennemi commun ; la perte de chaque homme étant estimée 1000 rs. ou 2.480 francs.