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fleur de votre âge [Bussy avait alors 35 ans] et que la fortune vous rit de toutes les façons. Pourquoi l’arrêter dans sa course et ne pas continuer à mériter beaucoup de notre monarque et de la nation ? Un point d’honneur m’a retenu dans l’Inde ; cependant je suis d’un âge à me reposer et je crois que de la façon que se tournent les choses il ne m’en restera que l’espérance, sans parvenir à ce but. Faites réflexion, mon cher Bussy, que les hommes qui pensent se doivent à leur patrie, que vous lui êtes utile et que Salabet j. votre ouvrage, n’est pas si bien affermi que votre présence ne lui soit plus utile. Détrompez-vous, il est entouré d’ennemis et vous seul pouvez détourner leurs mauvaises intentions. Quel chagrin pour vous si vous apprenez que ce pauvre jeune homme serait culbuté par le défaut de votre présence ! » (A. V. E 3754).

Dans une seconde lettre écrite huit jours plus tard, — 8 janvier — Dupleix revenait sur les mêmes arguments en invoquant cette fois des considérations un peu plus personnelles.

« Relisez toutes vos lettres, lui disait-il, elles m’ont servi de guide pour toutes celles que j’ai écrites en Europe, où j’ai également fait passer les vôtres. J’ai fait tout ce qui a dépendu de moi pour faire ce que vous désirez et si je ne m’étais pas dégarni comme j’ai fait, nos affaires ici eussent été bientôt rétablies. En vous rappelant en même temps de Golconde, je n’avais rien à craindre pour nos concessions, mais voulant toujours me conformer à vos desseins, je n’ai pas balancé de vous envoyer ce que j’ai pu. Certainement je n’ai pas lieu de m’en repentir par le bon usage que vous en avez fait et pour quoi je ne puis trop vous réitérer mes remercîments… Vous voyez, mon cher Bussy, partout ce que je vous marque, que je suis toujours prêt d’approuver ce que vous faites, parce que je suis persuadé qu’aucune vue particulière ne vous guide dans toutes vos opérations que la gloire du roi, celle de la Nation et l’avantage de la Compagnie. »