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Comme aucune de ses raisons n’avait touché Dupleix, Bussy jugea qu’il n’avait plus d’autre ressource que d’offrir sa démission ou solliciter son rappel. C’est ce qu’il fit par une première lettre du 28 novembre. Après avoir rappelé tous les embarras où il s’était trouvé avant de conclure la paix avec Balagirao, au point qu’il avait été souvent tenté d’abandonner la partie, il s’exprimait en ces termes :

« Voilà, Monsieur, dans les fâcheuses circonstances où je me suis trouvé, ce que j’ai cru pouvoir faire de mieux ; trouverez-vous bon que je vous fasse part de mes réflexions sur ce que je croirais à propos de faire de votre côté, avant que nous entrions dans votre province (le Maïssour). Je ne puis vous dissimuler que le grand nombre de Français qui sont prisonniers chez les Anglais et surtout chez Mahamet Ali et Morarao, fera un bien mauvais effet dans les esprits et diminuera beaucoup la haute idée que Balagirao et les Marates ont de notre nation. Je souhaiterais bien que vous pussiez trouver quelque moyen de les

    partie avait été détruite et l’autre blessée, que le souba était abandonné de tout le monde, qu’il avait eu beaucoup de peine à le garantir ; que le divan qui était ami des Français ne pouvait être remplacé que par un ennemi de la nation ; en un mot qu’il y avait nécessité de chercher les moyens de s’en tirer avec honneur.

    « Que l’on ne s’imagine pas que ces crises violentes dont parlait M. de Bussy n’aient duré qu’un instant, telle fut presque toujours la situation dans le Décan ; il écrivait encore à M. Dupleix les 5 mai et 17 juin qu’il était en garde pour sa propre sûreté ; le 15 mai, il demandait des secours et parlait de la faiblesse extrême du souba : le 4 juin, il disait que sans de nouveaux secours Salabet j. était prêt à succomber ; le 10, que sur quelques propositions des Anglais contre nous, le souba avait été ébranlé ; le 17, que le bruit était répandu dans l’Inde que les Français avaient tiré des sommes considérables de Golconde (prétexte de les attaquer pour les faire restituer) ; le 20, que toute l’armée de Salabet j. était jalouse des Français ; le 21 juillet, que tout le monde abandonnait Salabet j., qu’il y avait 25.000 cavaliers prêts à se révolter faute de paye depuis neuf mois ; que si on les payait, il ne resterait plus d’argent ; qu’il regardait comme un bonheur si Salabet j. conservait seulement une partie du Décan ». (Réfutation p. 41-43).