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vant amener la guerre. On sait qu’au moment de l’avance de Gaziuddin les troupes marates se trouvaient à la lisière du Décan, prêtes à appuyer les prétentions de ce prince. Sa mort inopinée empêcha des hostilités effectives, sans cependant écarter tout danger de conflit : les Marates restèrent sur leurs positions, comme s’ils n’attendaient qu’une occasion de se porter en avant. Salabet j. ne la leur donna pas ; il comprenait que la moindre étincelle pouvait tout embraser et il ne se souciait pas de courir les risques d’une nouvelle guerre. Un incident faillit pourtant tout compromettre. Au début de novembre, l’avant garde du soubab fut attaquée par les forces de Balagirao et sans les Français qui arrivèrent à son secours, elle eut été mise en déroute. Bussy n’assistait pas à cette alerte ; fort inquiet sur l’issue des événements, Salabet j. l’envoya aussitôt chercher par plusieurs seigneurs de sa cour, et l’on tint une sorte de conseil auquel assista le délégué du pèchoua. Le durbar du soubab était favorable à la paix et le délégué marate n’y était pas opposé, mais il voulait que Bussy en fut le médiateur. Salabet j. donna donc à celui-ci tous pouvoirs pour la conclure. On passa toute la nuit à en discuter les conditions, qui furent acceptées par Salabet j. et portées par Bussy lui-même au camp marate avec mission de les faire accepter par Balagirao : le divan et deux autres seigneurs du durbar l’accompagnaient. Lorsqu’il revint la paix était signée. Salabet j. le reçut les larmes aux yeux, l’appelant son libérateur et lui disant que, malgré la cession au pèchoua de territoires avoisinant la Tapti, jamais il n’oublierait ses services. Le traité comprenait la restitution au Décan de neuf forteresses : la paix était en somme aussi avantageuse pour le soubab qu’honorable pour Bussy, qui par son habileté et sa diplomatie plutôt que par la force des