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souvenir de leurs désillusions. Ils n’avaient pas pris leur parti du partage inéquitable à leurs yeux des trésors de Nazer j. ; aussi, dès la fin de janvier, formulèrent-ils de nouvelles réclamations et, pour les appuyer, ils essayèrent de faire déserter nos soldats : le nabab de Carnoul voulait faire une compagnie de blancs. Il fallut que Dupleix menaçât Muzaffer j. de l’abandonner s’il n’empêchait les désertions. Muzaffer j. était trop mal affermi sur le trône pour imposer son autorité à ceux qui l’y avaient élevé. Tout en déclarant que ces gueux n’étaient pas à craindre, Dupleix lui recommanda cependant, pour les calmer ou pour les endormir, de leur faire des promesses raisonnables, jusqu’au jour où il serait réellement le maître ; alors il ne devrait pas hésiter à leur faire couper la tête. Dupleix avait en réalité aussi peu d’estime pour les uns que pour les autres ; plus on les pratiquait, plus on les méprisait, écrivait il à Bussy le 3 février.

Cette situation paradoxale ne dura que quelques jours. Lorsque l’armée eut passé la Quichena et que les Patanes se furent rapprochés de leur pays, leurs espoirs s’accrurent de toute la force que donne la possession du sol et ils jugèrent que le moment était venu de renouveler l’attentat qui avait si bien réussi contre Nazer j. Ils donnèrent en secret aux paliagars de leurs domaines l’ordre de s’assembler et de disposer des canons dans les défilés.

Le 14 février, comme on était arrivé dans les états de Cudappa, celui-ci prit prétexte de quelques déprédations de l’armée de Muzaffer j. pour se révolter ; il fit arrêter l’artillerie du soubab et piller son avant-garde ; on arrêta de même des charriots de munitions appartenant à Bussy. Les nababs de Savanour et de Carnoul se joignirent aussitôt à lui.