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Sur ces entrefaites parut un personnage assez singulier, nommé de Volton, originaire de Bar-le-Duc, arrivé dans l’Inde en qualité de chirurgien quelque vingt ans auparavant et que certaines nécessités avaient amené à déserter. Il avait passé à la cour du Mogol où, par un heureux concours de circonstances, il avait été promu médecin de l’empereur. C’était un intrigant et ses moyens d’action ne furent peut-être pas toujours d’une clarté parfaite, mais il n’oubliait pas qu’il était français et en plus d’une circonstance il avait rendu des services à Dupleix lorsque celui-ci était directeur de Chandernagor. Les années avaient passé et le crédit de Volton s’était accru. Dans l’agitation que donnait à toute l’Inde la politique entreprenante de Dupleix, il pensa qu’il pouvait en retirer quelques avantages personnels et, missionnaire plus ou moins volontaire, il était venu de Delhi à Aurengabad au mois d’août 1751 pour voir ce qui s’y passait. Il fut témoin des premiers succès de Bussy et s’inquiéta de savoir quelle répercussion ils pouvaient avoir à la cour et quel degré d’estime ou de haine, d’amitié ou de confiance la nation s’était acquise. Revenu dans le Décan l’année suivant, il arriva à Aurengabad au moment où Gaziuddin venait d’être empoisonné. Il était porteur, prétendait-il, de propositions de plusieurs grands seigneurs gentils du nord par lesquelles ils offraient de conclure une alliance avec Dupleix pour chasser les Marates et pour mettre à sa disposition 150.000 cavaliers. Il présenta ces lettres à Bussy qui sans leur attacher beaucoup de créance les renvoya à Dupleix avec Volton lui-même. Dupleix ne l’accueillit pas avec beaucoup d’empressement ; en admettant qu’elles fussent vraies, les propositions en question étaient trop belles pour être exécutables ; néanmoins il ne le rebuta pas expressément et le renvoya peu de temps