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elles peu honorables. Et pour la première fois il hésita à recommander à Bussy de marcher de l’avant.

« Sans doute, lui écrivait-il le 21 octobre, que vous avez fait ces réflexions avant de vous engager dans un pays où vous prévoyez vous-même avoir tant à craindre ou que vous êtes persuadé pouvoir surmonter tous ces événements que vous me présentez d’une façon à me faire trembler. Je vous crois trop raisonnable pour ne point prendre à ce sujet les plus justes précautions. Je vous ai déjà dit que comme je ne peux être à portée de voir ni de savoir assez tôt ce qui se passe, que je vous laissais le maître de prendre le parti le plus convenable, surtout pour votre sûreté et celle des sujets du roi. »

Examinant la situation financière elle-même, Dupleix estimait que si Bussy était obligé de contracter des emprunts, il devait les faire en son nom propre sans engager la Compagnie ; le crédit de celle-ci devait rester intact et ni l’un ni l’autre n’avaient le pouvoir de l’exposer dans cette circonstance. La lettre de Bussy du 24 septembre l’avait fait trembler ; s’il eut connu plus tôt sa situation, il n’eut pas, déclara-t-il, hésité à lui donner l’ordre de revenir et c’était peut-être encore le meilleur parti à prendre. Se retirer faute d’argent n’était pas un déshonneur et le soubab ne saurait y trouver à redire. N’avait-il pas des joyaux en quantité pour nous retenir, si bon lui plaisait ? ne pourrait-il pas les mettre en gage ou du moins faire contribuer ceux qui étaient en état de l’assister ?

« Enfin, ajoutait Dupleix, si toutes ces ressources vous manquent, et que 3 ou 4 laks puissent servir à vous tirer de peine, je suis prêt à les sacrifier, dussé-je vendre jusqu’à ma dernière chemise pour les acquitter. Il est juste que ce soit moi qui supporte cette dépense, dès lors que c’est moi seul qui suis le moteur d’une entreprise à laquelle je n’aurais jamais dû penser.